Laetitia

Technicienne bureau d’études méthodes et usinage

« J’ai été super bien intégrée. De nos jours, les filles doivent être libres de leurs choix professionnels, au même titre que les garçons. »

« Je me souviens qu’à l’IUT déjà, on nous préparait à régulièrement changer de poste, à nous remettre en question, à nous adapter. C’est ainsi que ça se passe désormais sur le marché de l’emploi ! »

 

Quelles études avez-vous suivies à l’IUT et quand ?

J’ai passé mon DUT Génie Mécanique et Productique à l’IUT du Creusot en trois ans, entre 1999 et 2001, parce que j’ai dû repiquer ma troisième année.

J’ai toujours été intéressée par l’usinage, la technologie. D’ailleurs à l’époque, je voulais devenir prof de techno ! Mon père travaillait dans ce secteur, il m’a toujours inspirée et encouragée, je lui dois beaucoup.

Et après ?

Après l’IUT, j’ai été embauchée dans un bureau d’études ″méthodes et usinage″ chez Framatome à Saint-Marcel (71). J’étais la première femme depuis longtemps à rentrer dans l’équipe et certainement la première à ne pas faire de secrétariat ! Quand je suis arrivée, il n’y avait même pas de toilettes pour dames ! Mais mon chef avait vraiment la volonté d’ouvrir le métier aux femmes et, passé une première phase d’observation et d’adaptation, toute l’équipe a suivi. J’ai été super bien intégrée.

Après cinq ou six ans à ce poste, j’ai évolué vers la qualité, toujours chez Framatome à Saint-Marcel. Puis Areva a repris le groupe. Suite à la catastrophe de Fukushima, une importante restructuration a été lancée. Mon mari et moi, nous en avons profité pour demander une mobilité géographique vers sa Normandie natale. J’ai retrouvé un poste de technicienne qualité au sein du service Qualité de Orano Temis. Mais après mon quatrième enfant, j’ai eu envie d’évoluer vers un nouveau métier.

Je suis aujourd’hui technicienne Déchets pour Orano Cycle à La Hague. C’est-à-dire qu’avant je travaillais en amont du processus nucléaire et maintenant, je suis en aval. Un gros changement de perspective professionnelle qui a nécessité que je me forme. Mais j’étais sereine, très motivée et bien entourée. Au final, cela fait bientôt trois ans que je suis sur ce poste et j’en suis ravie.

Le changement professionnel n’a jamais été un problème pour moi. Au contraire, je pense qu’il est nécessaire pour évoluer tout au long d’une carrière. Je me souviens qu’à l’IUT déjà, on nous préparait à régulièrement changer de poste, à nous remettre en question, à nous adapter. C’est ainsi que ça se passe désormais sur le marché de l’emploi !

Vous avez toujours évolué dans des univers très masculins…

Oui, mes études et mes options de carrière ont fait que j’ai toujours été parmi les rares femmes intégrées dans des équipes masculines et sur des métiers réputés ″masculins″. Déjà à l’IUT, nous étions cinq ou six filles seulement à faire GMP.

Mais franchement, cela ne m’a jamais posé de problème. Certes, il faut savoir s’affirmer, mais honnêtement, j’ai toujours été super bien intégrée et respectée. A l’IUT, j’étais traitée à égalité des autres étudiants, peut-être avec une attention supplémentaire de la part des profs, mais sans condescendance. Cela devrait se passer partout comme cela et c’est d’ailleurs ce que j’ai connu partout où je suis passée.

Aujourd’hui, je suis mère de deux filles et de deux garçons, et je veille à leur donner la même éducation. Je veux qu’ils se donnent les moyens d’atteindre ce qu’ils veulent dans la vie, sans se poser de limites inutiles, sans se laisser enfermer dans des stéréotypes. Je veux qu’ils respectent les autres comme ils se respectent eux-mêmes.

Ce message, j’essaye aussi de le porter au travers d’une fondation qui s’appelle « Cgénial ! » et qui encourage les jeunes filles à choisir le chemin qui leur correspond, sans s’inquiéter des stéréotypes de genre. Je vais dans les lycées, je leur parle de mon parcours et je les encourage vraiment à devenir ce qu’elles souhaitent devenir, même si cela les emmène dans des métiers dits ″d’hommes″. De nos jours, les filles doivent être libres de leurs choix professionnels, au même titre que les garçons. Il y a encore beaucoup à faire, mais c’est tellement gratifiant d’y contribuer !